Pour soulager les symptômes et améliorer la qualité de vie des malades, il est fortement recommandé à ces derniers de faire de l’activité physique ou de la réhabilitation respiratoire, en particulier si leur BPCO atteint un stade plus sévère.
Le handicap du malade BPCO est intimement lié à sa maladie respiratoire et à sa sédentarité. La reprise d’une activité physique permet au malade d’éviter de sombrer dans un immobilisme préjudiciable à sa santé en général. Les effets bénéfiques du réentraînement à l’effort se mesurent facilement dès la sortie du patient du centre de réhabilitation respiratoire.
Une étude (1) portant sur 2386 patients BPCO a rapporté que les risques de décompensation respiratoire et de décès étaient significativement plus élevés chez les patients qui ne faisaient pas du tout ou très peu d’activités physiques comparativement à ceux qui en faisaient un petit peu voir plus, de façon régulière. Ainsi, il a été montré que la pratique d’une marche quotidienne d’au minimum 30 minutes pouvait limiter de façon significative la fréquence des exacerbations et améliorer le pronostic vital de ces patients.
En pratique
La réhabilitation respiratoire s’adresse à tous les malades atteints de BPCO (2), même sévères, dyspnéiques et intolérants à l’effort, quel que soit l’âge, et motivés pour une telle démarche. Elle a pour effet d’améliorer la dyspnée, la tolérance à l’effort. Elle réduit le nombre d’hospitalisations pour exacerbations et améliore la qualité de vie.
La réhabilitation respiratoire intègre le réentrainament à l’effort, la musculation, ma gymnastique médicale et l’éducation thérapeutique ; elle a pour objectif de rompre le cercle vicieux dyspnée/ inactivité/déconditionnement (3). Le programme de réhabilitation respiratoire, négocié avec le malade, est adapté en fonction de son état de santé et de ses capacités respiratoires, après optimisation du traitement médical.
D’une durée de 4 à 8 semaines, le programme initial inclut des conseils personnalisés (éducation thérapeutique, nutrition, aide au sevrage tabagique, soutien psychosocial). En fin de séjour en centre, une poursuite de l’entraînement au domicile doit être proposée afin de maintenir les acquis..
Un retour à domicile souvent difficile
La sortie de centre réhabilitation respiratoire est aujourd’hui marquée d’une double difficulté :
– En premier lieu, le malade se retrouve généralement seul et perd rapidement sa motivation pour poursuivre ses activités physiques à domicile. Il risque ainsi rapidement de sombrer à nouveau dans la sédentarité et le syndrome du « canapé-TV ».
– En second lieu, il faut regretter que faute d’une prise en charge adaptée à leur sortie de centres, les malades ne sont plus en mesure de maintenir les acquis de leur réhabilitation au quotidien. Le refus de prise en charge par l’assurance-maladie du réentraînement à l’effort en ambulatoire est préjudiciable à l’état de santé des malades qui n’ont dès lors comme seule perspective un retour en
centre, plus contraignant et plus coûteux.
Le « programme d’actions 2005-2010 en faveur de la BPCO » comportait 6 axes stratégiques, dont celui « d’améliorer l’accès aux soins et la qualité de la prise en charge ». L’association BPCO ne peut que regretter que ce dernier objectif n’ait pas été mieux pris en compte, en particulier par l’assurance-maladie.
Un manque de centre de réhabilitation
Mais ces centres de réhabilitation respiratoire – le bilan dressé par la Société de Pneumologie de Langue Française (4) en recense une centaine -, sont encore en nombre insuffisant en France par rapport au nombre important de malades BPCO qui pourraient en bénéficier. Les listes d’attentes sont à cet égard importantes dans certaines régions au regard du nombre limité de places que peut offrir chaque centre.
Ce réentraînement à l’effort devrait pouvoir se poursuivre par la suite en structures ambulatoires, créées à cet effet avec le soutien actif d’un professionnel de santé. La Haute Autorité de Santé (HAS) a émis un avis favorable (5) à ce sujet et a demandé en 2007 son inscription à la liste des actes remboursés par l’assurance-maladie.
La HAS a clairement souligné dans un rapport publié en 2007 combien « l’analyse a montré l’efficacité de l’acte, en termes d’amélioration du handicap respiratoire (dyspnée, tolérance à l’effort, qualité de vie) chez les patients BPCO. » Sept ans après la publication de cette recommandation qui fait autorité, la CNAMTS n’a toujours pas inscrit la prise en charge de la réhabilitation respiratoire en ambulatoire dans la liste des actes délivrés.Ce refus prive ainsi les malades d’une chance supplémentaire de conserver les acquis de leur séjour en centre en poursuivant leur entraînement à proximité de leur domicile.
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(1) Pitta F, Troosters T, Spruit MA, et al.. Characteristics of physical activities in daily life in chronic obstructive pulmonary disease. Am J Respir Crit Care Med 2005;171: 972-977.
(2) Recommandations de la SPLF sur la réhabilitation respiratoire du malade atteint de BPCO. Rev Mal Respir
2005 ; 22 :696- 704
(3) Guide médecin ALD 14, insuffisance respiratoire chronique par BPCO : www.has-sante.fr.
(4) La carte du groupe Alvéole de la SPLF
(5) « Réentrainement à l’exercice sur machine d’un patient atteint d’une pathologie respiratoire chronique », HAS, avril 2007